Carnet de voyage : un week-end au village de Ouanary
Ajouté le 8 Mar 2017 6 | commentaires
Petit paradis perché sur le flanc d'une colline, le petit village de Ouanary surprend par son charme et son isolement.
L'équipe Escapade Carbet s'est rendu dans le village de Ouanary, encore trop peu connu, pour vous faire découvrir sa beauté et ce qui fait son originalité, les activités aux alentours et cette atmosphère hors du temps qui s'en dégage.
Le village se situe à la frontière brésilienne près de l'embouchure de l'Oyapock sur la crique Ouanary, à environ 39 km de Saint-George, soit 2 heures de pirogue. Cette commune du littoral guyanais, d'une superficie de 1080 km², est occupée par une soixantaine d'habitants. Le village se compose d'une mairie, d'une école, d'une église, d'un restaurant, d'un gîte rural, d'un terrain de foot et de volley ainsi que de plusieurs abattis dispersés dans la commune.
Direction Ouanary
Le transport jusqu'à Ouanary n'est pas des plus simple. Munis de nos touques, hamacs et moustiquaires, nous voilà au port de
Saint-George de l'Oyapock. Nous négocions avec les piroguiers,
non sans mal, le trajet jusqu'à Ouanary. Après moult refus, Romaric le piroguier de la commune, nous aborde et nous propose de nous emmener avec quelques habitants jusqu'au village. Ce que nous acceptons.
La pirogue avait un petit moteur, nous avons donc mis
deux bonnes heures pour arriver au village. Mais le trajet est loin d'être désagréable. On peut observer sur les berges, les villages amérindiens comme
Tampack ou Trois palétuviers, des habitations isolées en bois du côté brésilien mais aussi de nombreux oiseaux et souvent des Ibis rouge en saison.
Sur la pirogue, le temps à vite tourné, et nous nous sommes pris la rincée... mais avec le sourire. Kway à ne pas oublier au risque de devoir se couvrir d'un sac poubelle.
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Le petit chenal menant au village[/caption]
Après avoir quitté l'Oyapock, nous empruntons la
rivière de Ouanary pendant 10 minutes pour découvrir enfin le ponton du village. La marée étant encore assez haute, nous avons pu prendre le
petit chenal qui emmène à l'entrée du village. Une entrée tout à fait
insolite à la hauteur de ce que nous allions découvrir ensuite.
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L'entrée de Ouanary[/caption]
Visite du village
Nous débarquons et découvrons avec étonnement le
village de Ouanary. Si nous devions choisir un mot pour le décrire, ce serait celui-ci :
improbable.
Sachant que la commune la plus proche est à
39km et que le village n'est accessible qu'en pirogue, nous sommes surpris de découvrir un village non seulement bien entretenu mais également plein de charme.
Nous posons rapidement nos affaires pour en faire le tour. Le village n'est pas grand, 30 minutes suffisent pour le visiter. Nous découvrons les
cases créoles et les ruelles montantes qui nous emmène en haut du village où se trouve un terrain de foot et de volley. D'ici nous pouvons observer l'entrée du village et au loin la frontière brésilienne. A une trentaine de minutes de marche, tout en haut de la colline à plus de
300m d'altitude, se trouve le relais télévision qui nous offre un
spectacle magnifique : la vue sur l'embouchure de l'Oayapock et de la forêt. De là aux alentours de 17h vous pourrez aussi admirer une
envolée de aras...
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La vue du ponton[/caption]
Plein de
curiosité, nous sympathisons avec quelques villageois et nous découvrons qu'il y a une quinzaine d'enfant à l'école du village et effectivement nous en croisons plusieurs. On nous apprend aussi qu'il y a beaucoup de choses à voir aux alentours dont la
montagne d'Argent où se trouve les vestiges du bagne. Mais la mer étant mauvaise, surtout en saison des pluies, personne ne voulait nous y emmener. À la place, Romaric, nous propose de nous montrer les
cascades et les
grottes de Ouanary le lendemain.
Nous décidons d'aller voir le coucher du soleil sur le
ponton du village et terminons notre soirée dans l'unique restaurant du village, le
restaurant de JR qui fait aussi office de gîte. Nous dégustons notre dîner, élaboré à partir de produits locaux uniquement et pour un prix très abordable. Après ce délice, nous rejoignons
le gîte communal pour une nuit en hamac.
En route pour les cascades et les grottes
À l'aube, Romaric vient nous chercher en quad accompagné d'un ami et d'un cousin. Nous montons tous à
six dessus et empruntons la piste jusqu'à l'entrée du sentier non balisé. Machette dans une main et fusil dans l'autre, nous suivons Romaric dans la forêt pendant environ une heure. Après une attaque de moustiques assez violente, nous apercevons en chemin des
Saïmiris, on nous montre un arbre
bois de rose ainsi que d'autres plantes médicinales et utiles à la survie en forêt.
Nous atteignons la
cascade. L'eau fraîche appelle à la
baignade et nous sautons sans hésiter dans la crique. Nous profitons ensuite de la hauteur de la cascade pour s'y mettre dessous et bénéficier d'un
massage du dos bien mérité.
Après quelques blagues et ti-punchs, nous repartons direction les impressionnantes
grottes de Ouanary. On nous raconte qu'un
jaguar vient s'y abriter la nuit et effectivement les connaisseurs nous montrent des excréments frais... Un rapide frisson nous parcourt l'échine, heureusement nous avions prit une lampe et progressons dans la grotte avec prudence. Nous observons, non sans surprise, des
chauve-souris mais plus inattendu, nous croisons le chemin d'une magnifique grenouille venimeuse bleu et jaune, une
dendrobate tinctorius, espèce protégée en Guyane. Nous continuons la visite de la grotte et Romaric nous explique qu'en saison de reproduction, cette grotte abrite aussi des
coqs de roche.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans un carbet familiale où l'on prépare du
couac et on nous explique le processus de fabrication. Nous croisons également le professeur du village qui nous invite aussitôt à prendre une bière. Nous discutons et il nous prête gentiment plusieurs documents sur Ouanary. Ci-dessous, nous vous avons écrit l'
histoire de la commune, tirée de ces documents.
De retour au
gîte communal, nous faisons une bonne sieste avant de reprendre l'apéro. Mais nous voilà couchés de bonheur, car demain le réveil est à 6h du matin.
Retour en ville
La ville est encore plus
mystérieuse à l'aube et nous repartons avec de
bon souvenirs, des villageois chaleureux et ravis d'accueillir des touristes, des paysages spectaculaires, une faune surprenante... Nous avons le sentiment d'avoir été
privilégiés, d'avoir pu
découvrir cet endroit peu visité et difficile d'accès.
Escapade Carbet recommande à toute personne en soif d'aventure et de découverte de nouveaux lieux, d'aller faire un tour dans le petit village de Ouanary. Le trajet est long, certes, mais
le jeu en vaut la chandelle pour les aventuriers à la recherche d'
authenticité.
Pour en savoir plus
Un peu d'histoire ...
L'histoire de la commune est d'abord liée à la présence des Amérindiens. De nombreuses traces de leur présence ont été retrouvées dans les grottes de ka montagne des Trois Pitons à environ 15 kilomètres à l'Ouest du bourg. Après des tentatives infructueuses de colonisation par les Anglais, ce sont les Français qui réussirent à s'implanter dans la région.
A partir de 1726, les jésuites s'installèrent dans quatre missions dont le Fort Saint-Louis de l'Oyapock. Leur but était l'évangélisation des Amérendiens. Les batailles locales firent fuir ceux des Amérindiens qui avaient été regroupés près du Fort pour débuter une agriculture vivrière. Ils furent remplacés par des esclaves venus d'Afrique qui virent leur nombre croître régulièrement jusqu'au début du XIX siècle. Les techniques culturales étaient frustres, basées sur la pratique de l'abattis, itinérantes et uniquement sur les terres hautes.
A la fin du XVIIIème, l'intendant Malouet, s'inspirant des idées prélevées au Surinam voisin, fit venir l'ingénieur suisse Guisan, qui développa sur les terres basses de l'Approuague et dans la baie de l'Oyapock le concept des polders afin de mettre en cultures les marécages jugés plus fertiles que les arides terres hautes.
A Ouanary deux grandes plantations virent ainsi le jour, l'une au pied de la montagne Lucas face au bourg actuel de Ouanary, l'autre au pied de la montagne d'Argent, au Nord. Les travaux de drainage et l'extension des surfaces cultivées nécessitèrent l'apport de main-d'oeuvre servile : jusqu'à 300 esclaves cultivaient la canne à sucre sur la plantation de la Montagne Lucas et alimentaient ainsi une distillerie de rhum.
En 1848, l'abolition de l'esclavage n'avait pas été prévue par les colons, tout du moins pas si rapidement. Aussi, afin de sauver la dernière récolte, le planteur de la Montagne Lucas proposa à ses esclaves de leur donner les parcelles où ils avaient déjà le pouvoir de faire fructifier des abattis personnels. Beaucoup acceptèrent et se fixèrent sur ces abattis qui devinrent de fait le berceau de ce qui devait devenir le village de Ouanary.
Par la suite, dans la seconde moitié du XIXème siècle, l'habitation fut vendue en deux lots dont l'un s'étendait sur 36 km le long de la rive gauche de la rivière Ouanary. Puis de multiples, complexes et incertaines ventes et reventes se succédèrent jusqu'à l'appropriation contemporaine de la quasi totalité de la commune par l'Etat.
Bonjour, je serai intéressé pour avoir le contact de Romaric aussi si c’est possible ?
Merci, super reportage
Bonjour,
Avez vous pu obtenir le contact de Romaric?
Nous sommes interessés aussi pour le rencontrer.
Merci beaucoup
Bonjour,
Auriez-vous le contact de Romaric, où savez-vous où nous pouvons le trouver à Ouanary ou Saint Georges ?
On aimerait savoir ce qui est possible de faire avec et sans guide
Merci par avance
Vraiment très intéressant, merci pour ce reportage ainsi que les photos
Super reportage, ça donne vraiment envie d’aller y faire un tour.
Reportage très intéressant sur un lieux peu visité.
Cela donne envie d’y aller.
Merci pour ces infos.
Jacques